En France, 1 quart des personnes âgées de plus de 70 ans vivant seules sont dénutries : leurs apports alimentaires ne suffisent pas à couvrir leurs besoins nutritionnels. Perte d’appétit, isolement, problèmes dentaires…
Quels
que soient ses causes, la dénutrition doit être prévenue pour protéger la santé
et l’autonomie de nos aînés.
Souvent banalisée, la dénutrition peut
passer inaperçue ou être attribuée à une fatalité de l’âge. Grave erreur :
elle provoque une perte de poids, surtout de masse musculaire, et un affaiblissement
de l’organisme. Elle rend les personnes âgées vulnérables aux maladies
infectieuses, aux troubles de la cicatrisation et aux complications des
pathologies chroniques. Elle favorise également une dégradation globale de la
condition physique et les chutes qui peuvent entraîner la dépendance et
accélérer le décès. Casser la « spirale » vers la
dénutrition
L’isolement est l’un des principaux
facteurs de dénutrition. Peuvent s’ajouter un manque d’appétit, une diminution
du goût, des problèmes buccodentaires, des troubles de la mémoire, de la
déprime, des difficultés à faire les courses et les repas : manque d’aide,
handicap, problèmes financiers, etc. Souvent, ces facteurs s’additionnent ou se
succèdent en enclenchant un véritable cercle vicieux. Pourtant, les personnes
de plus de 70 ans ont des besoins alimentaires équivalents, voire supérieurs, aux
adultes de 40 ans. Que vous soyez vous-même âgé(e) ou vous occupiez d’une
personne âgée, différentes mesures contribuent à prévenir la dénutrition :
• Garder
à l’esprit qu’une personne âgée a besoin de 1 à 1,2 g de protéines par kilo de poids corporel au-delà de 65 ans. Il
faut donc intégrer à chaque repas viande, poisson, œufs et produits
laitiers ;
• Augmenter
la fréquence des prises alimentaires : 3 repas par jour et des collations,
en matinée, au « goûter », voire au coucher pour raccourcir le
« jeûne » de la nuit ;
• En
cas de petit appétit, enrichir l’alimentation courante avec des produits
protéinés ou gras : lait en poudre dans le café, crème fraîche dans la soupe,
jambon dans la salade, fromage râpé dans la purée... ;
• Eviter
les aliments fades et utiliser des épices, des aromates et des condiments pour donner
du « pep’s » aux plats ;
• Éviter
les aliments durs et/ou secs, difficiles à mastiquer ;
• Prendre
en compte les goûts alimentaires des aînés, qui diffèrent d’une personne à
l’autre et ne sont pas ceux des jeunes ;
• Rendre
les repas agréables : dresser la table, bien présenter les plats (pas dans
des contenant plastiques), éviter les nuisances sonores, inviter des amis… ;
• Si
la préparation des repas est compliquée, avoir recours à la livraison à
domicile ;
• Bannir
tout régime et se faire plaisir sans interdiction. En cas de perte d’appétit à
cause d’une diète sans sucre ou sans sel conseillée pour traiter une pathologie,
en parler au médecin ;
• Prendre
soin de la santé bucco-dentaire avec un brossage régulier. Si une prothèse gêne
ou fait mal, consulter un dentiste. En attendant la solution, opter pour des
aliments aux textures tendres ou hachés.
• Des
compléments alimentaires ou aliments enrichis peuvent être prescrits à certaines personnes âgées à risque élevé de
dénutrition.
Restez vigilant(e) : des vêtements
qui flottent, une alliance qui tombe sur le doigt sont des signes de perte de
poids. Attention, maigrir après un certain âge pour résoudre un surpoids peut faire
fondre plus de muscle que de graisse : on peut donc être dénutri avec un
poids normal, ce qui se traduit alors par une faiblesse ou une fatigue. Dans les
deux cas, parlez-en sans attendre à l’infirmière ou au médecin.