Maladies cardiovasculaires : doit-on prendre de l’aspirine pour les éviter ?
Longtemps prescrite pour prévenir les accidents cardiovasculaires, l’aspirine voit aujourd’hui vaciller son excellente réputation chez les personnes n’ayant pas de maladie cardiovasculaire avérée...
Son bénéfice-risque ne convainc plus les experts, au
point qu’elle n’est désormais plus recommandée.
L’aspirine est un fluidifiant
sanguin efficace, accessible et considéré comme ayant relativement peu d’effet
secondaires. Logiquement, sa capacité à éviter la formation des caillots
permettrait d’éviter facilement des infarctus, accidents vasculaires cérébraux
(AVC), maladies coronaires… Des études épidémiologiques semblant le confirmer
depuis la fin des années 80, la prescription d’aspirine a faible dose a été
recommandée par de nombreuses sociétés savantes et experts dans le monde pour
la prévention primaire des événements cardiovasculaires chez les personnes à
risque, par exemple hypertendues, fumeuses, obèses ou diabétiques. Mais elles
ont été peu à peu remises en question et des travaux plus récents ont fait
chuter l’aspirine de son piédestal : ce médicament augmente le risque
d’hémorragie (gastro-intestinale, intracrânienne, cérébrale…) alors que le gain
sur les accidents cardiovasculaires ou les décès n’est pas clair, voire nul.
L’aspirine, plus au cœur de la
prévention des maladies cardiovasculaires
En avril 2022, des chercheurs experts
en prévention américains ont donc publié dans la prestigieuse revue
scientifique internationale Journal of the American Medical Association (JAMA)
de nouvelles recommandations qui ne préconisent pas l’aspirine en prévention cardiovasculaire
primaire, c’est-à-dire pour éviter l’apparition de ces pathologies chez des
personnes à risque et le déconseillent même aux personnes de plus de 60 ans.
Elle pourrait cependant être proposée à faible dose et au cas par cas, aux
personnes de 40 à 59 ans à risque cardiovasculaire mais n’ayant pas de risque accru
de saignement. En France, le Collège national des généralistes enseignants
estimait déjà fin 2021 que l’aspirine n’avait pas même sa place en prévention
cardiovasculaire primaire quel que soit l’âge ou les risques cardiovasculaires
des patients.
L’aspirine est désormais réservée
aux seules personnes déjà atteintes d’une maladie cardiovasculaire avérée, pour
éviter une aggravation ou une récidive d’accident, autrement dit en prévention
secondaire. Et pour prévenir les maladies cardiovasculaires, opter pour une
hygiène de vie saine reste un « must » ! Sources : US Preventive Services Task
Force, Davidson KW, Barry MJ, et al. Aspirin Use to Prevent Cardiovascular
Disease: US Preventive Services Task Force Recommendation Statement. JAMA.
2022;327(16):1577-1584) CNGE : Pas d’aspirine
pour les patients à risque cardiovasculaire en prévention primaire (19/10/21) https://www.cnge.fr/conseil_scientifique/productions_du_conseil_scientifique/pas_daspirine_pour_les_patients_risque_cardiovascu/